HISTORIQUE DU QUARTIER MEINAU

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Le quartier de la Meinau regroupe des ensembles urbains aux identités contrastées : la zone industrielle de la Plaine des Bouchers, le grand ensemble de la Canardière, le quartier des villas…

Le passé semble avoir laissé peu de traces dans le quartier de la Meinau, qui fait figure de quartier récent au regard de l'histoire bimillénaire de Strasbourg. Pourtant, ce quartier participe dès l'origine au développement de la ville ; il fait partie intégrante de Strasbourg, à la différence du quartier voisin du Neuhof rattaché en 1370.

Dès l'antiquité, ce territoire est traversé par la route reliant Strasbourg à Lyon et à Bâle (aujourd'hui l'avenue de Colmar) ; elle restera la seule voie d'accès de la ville à partir du sud, jusqu'à la création de l'autoroute en 1971. C'est également le lieu où Charles le Chauve et Louis le Germanique se retrouvent en 842 pour signer le fameux "Serment de Strasbourg", premier texte en langues romane et francique, ancêtres du français et de l'allemand.

Une plaine stratégique aux portes de la ville

Jusqu'au XIXe siècle, la Meinau fait partie, avec Neudorf, de la grande plaine inondable qui s'étend jusqu'aux remparts sud de la ville. Le découpage du canton de la Meinau, qui intègre le Schluthfeld, en est un héritage.

En 1321, une ordonnance autorisa les bouchers de la ville à utiliser les prés pour le pâturage du bétail dans l'attente de son envoi à l'abattoir, sur les quais de l'Ill (actuel Musée historique). Ce territoire sur lequel se développera le quartier porte désormais le nom de Plaine des Bouchers (Metzgerau) et cette appellation donnera également son nom à la "porte des Bouchers", l'une des deux principales portes sud de la ville.

Deux cours d'eau sillonnent ce territoire : le Krimmeri (Rhin Tortu) à l'est et au nord, et le fossé de défense du Landwehr, au sud, marquant la limite entre Strasbourg et Illkirch.

La Meinau est l'avant-poste de la ville. Successivement, deux postes de vigie contrôlent l'entrée sud de Strasbourg sur chacun des cours d'eau, témoignant ainsi de l'importance stratégique de cet axe : au nord, le Wighauesel dès le XIIIe siècle (emplacement actuel du poste d'aiguillage), au sud la Hohe Wart à partir de 1429.

À partir du XVIe siècle, la Plaine des Bouchers sert de champs de manœuvre pour l'artillerie et accueille de nombreuses fêtes ou parades comme la fête de la Fédération en 1790.

Les premières implantations

Les établissements humains restent peu nombreux sur ce lieu dédié principalement à la défense de la ville. L'activité s'organise essentiellement le long de la route de Colmar.

Des activités artisanales se développent également à partir du XVIe siècle au bord du Rhin Tortu comme une manufacture de toile à voile, une fabrique de colle forte ou le moulin du Schachenmuhle, et le long du Ziegelwasser, comme une fabrique de toile cirée et un moulin à porcelaine.

À partir du XVIIIe siècle, des domaines agricoles et des propriétés d'agréments apparaissent : l'Entenfang, le Bartischgut, le Flachenbourg et le domaine de la Kaltau qui deviendra le couvent Saint-Joseph. Les travaux d'endiguement du Rhin qui limitent les crues à partir de 1840 ont facilité ces implantations et leur développement. À la fin du XVIIIe siècle, on dénombre 21 constructions qui abritent quatre auberges, des jardiniers et agriculteurs et un boulanger.

En 1806, Schulmeister achète le domaine de l'Entenfang. Il l'aménage et lui donne le nom de Meine Aue (Ma prairie) qui donnera son nom au futur quartier.

La naissance du faubourg

Les limites actuelles du quartier se mettent en place à partir de 1833 avec la construction du canal du Rhône au Rhin qui sépare la Plaine des Bouchers de la Montagne Verte. En 1905, la nouvelle voie ferrée vers Kehl, conçue comme une enceinte urbaine, exclut la Meinau de la ville intra-muros.

En 1911, l'usine automobile Mathis s'installe au nord, le long de la route de Colmar. Elle constitue le point de départ du développement industriel de la Plaine des Bouchers.

En 1912, la Ville y engage la réalisation d'un lotissement d'activités sur 140 hectares dont elle a la propriété depuis 1855. Cette zone industrielle se développera progressivement vers le sud pour devenir la plus grande zone d'activités de la ville jusque dans la deuxième partie du XXe siècle.

Avant la première guerre mondiale, la ville envisage de réaliser une "cité-jardin" destinée aux ouvriers de la Plaine des Bouchers, à l'est de la route de Colmar (Beamten & Arbeiter Kolonie Meinau).

Ce quartier ne se développera qu'à partir des années 1920 en conservant le principe de quartier-jardin mais pour une population de cadres et de professions libérales. Constitué de grosses villas, il s'achèvera dans les années 1970 avec l'urbanisation des derniers domaines agricoles situés au nord-est du quartier.

Dans la première moitié du siècle, la vie du quartier s'organise le long de la route de Colmar qui concentre les services et les commerces, et qui est desservie par le tramway dès 1886. Cette ligne sera la dernière à rester en service jusqu'en 1962.

En 1954, le quartier reste de taille modeste et compte 4 875 habitants. Il ne possède pas encore de réelle autonomie ; il dépend de Neudorf et du Neuhof pour ses paroisses et le cimetière sud porte encore le nom de cimetière du Neuhof.

Un quartier au cœur de l'agglomération

Avec la réalisation de la cité de la Canardière, le quartier change radicalement de dimension et prend sa physionomie actuelle. En 1957, la Ville décide de la réalisation du plus important "grand ensemble" de l'agglomération sur les restes de l'ancien domaine Schulmeister : plus de 3 200 logements sont construits entre 1957 et 1964. Cette opération permet également de réaliser les équipements qui font aujourd'hui de la Meinau un quartier à part entière. En 1968, il compte plus de 20 000 habitants.

La création de l'autoroute en 1965, entre le sud de l'agglomération et la Porte de Schirmeck, fait perdre à la Meinau son rôle de porte d'entrée de la ville. De grandes transformations s'engagent sur ses limites : à proximité du Baggersee, sur la commune d'Illlkirch-Graffenstaden, s'installe en 1970 le premier grand centre commercial du sud de l'agglomération. Au nord, en 1984, le stade de la Meinau remplace les vieilles installations sportives.

Aujourd'hui, l'agglomération s'étend bien au-delà de la Meinau ; ce quartier est maintenant proche du centre et facile d'accès grâce au nouvel échangeur autoroutier du Baggersee, ouvert en 1988, et au retour du tramway, en 1994. La mutation du quartier se poursuit au rythme de nombreux projets privés et publics. Ainsi, la Plaine des Bouchers évolue vers des fonctions tertiaires, comme en témoignent la transformation de l'avenue de Colmar, et les implantations d'administrations, comme la CRAV et les services du Conseil Général au Bartischgut.

La cité de la Canardière a amorcé depuis 2005 une transformation d'envergure dans le cadre d'un projet qui décline localement le Plan de rénovation urbaine pour les banlieues, lancé en 2003. Autour d'ambitions communes et d'un projet partagé avec les habitants, les collectivités et les bailleurs sociaux écrivent une nouvelle page de l'histoire du quartier.

Source : "Ville et Eurométropole de Strasbourg"

Lien : https://www.strasbourg.eu/territoire/les-quartiers/meinau/decouvrir-meinau/histoire-quartier-meinau

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